Un éclat de soleil

Une exposition sur la lumière, son importance et son évolution dans l’art féroïen des 20e et 21e siècles à travers des œuvres figuratives et abstraites : Ingálvur av Reyni (1920-2005), Zacharias Heinesen (né en 1936), Hansina Iversen (née en 1966) et Rannvá Kunoy (née en 1975).

Le titre de cette exposition fait écho au cantique Comme l’éclat du soleil au point du jour* écrit par le poète baroque danois Thomas Kingo, évoquant le soleil perçant les ténèbres. Le recueil de cantiques de Kingo a une histoire et une importance toutes particulières aux îles Féroé, où il a prédominé pendant de nombreuses années. Ses hymnes étaient chantés non seulement dans les églises et lors de cérémonies, mais aussi pendant la pêche et les autres activités du quotidien. La notion de chant Kingo désigne également une solide tradition féroïenne quant à la manière de chanter, sans accompagnement instrumental, avec une grande diversité selon les villages et les chanteurs.

Avec des œuvres de quatre peintres féroïen.ne.s, l’exposition Un éclat de soleil présente l’art féroïen sous l’angle du traitement de la lumière dans la peinture contemporaine et les courants plus classiques, allant des interprétations postimpressionnistes de la lumière dans la nature aux aplats de couleurs pures de l’art abstrait ainsi qu’à des tableaux qui semblent en soi saisir et réfléchir la lumière.

La lumière joue un rôle essentiel dans l’art féroïen depuis l’avènement tardif de ce dernier, au début du 20e siècle. Dès les tout premiers paysages empreints de romantisme national, réalisés par des peintres autodidactes, l’art féroïen a été baigné de lumière, ce qui ne saurait étonner au regard de l’environnement naturel des Féroé et de leur localisation géographique dans les latitudes arctiques. En fait, la grande luminosité et la vivacité des couleurs dans la peinture féroïenne sont également le fruit des influences de l’art français, enseigné à l’Académie des beaux-arts de Copenhague. Au Musée national d’art des Féroé, il est difficile de ne pas remarquer l’inspiration tirée de Cézanne, Matisse, Picasso, Braque, Monet, etc. La ville même de Paris, à la fois centre et berceau des mouvements de l’art moderne, occupe une place de premier plan dans l’histoire de l’art féroïen. Malgré la richesse de leur vie culturelle, les Féroé n’ont en effet jamais eu d’académie de beaux-arts sur leur territoire. Les peintres et sculpteurs féroïens ont donc traditionnellement suivi leurs études à l’étranger, et s’agissant des premières générations, c’est à l’Académie des beaux-arts de Copenhague que la plupart d’entre eux se sont formés. C’est là qu’ils ont commencé à s’intéresser à Paris, où leurs professeurs et les artistes danois se rendaient en pèlerinage pour étudier leurs modèles français. Parmi eux se trouvait le professeur Aksel Jørgensen qui, s’inspirant de l’impressionnisme et en particulier des idées de Paul Cézanne, développa les fondements théoriques d’une peinture coloriste en aplats. Celle-ci influa énormément sur l’art féroïen naissant et jeta les bases d’un colorisme étincelant qui continue d’animer la peinture féroïenne.

*Som den gyldne sol frembyder, Thomas Kingo (1634-1703)

Commissaire de l’exposition : Kinna Poulsen

14 janvier – 13 avril 2022
Ouvert tous les jours de 12h à 18h sauf lundi
Entrée libre

Le Bicolore
Maison du Danemark
142 Avenue des Champs-Élysées
75008 Paris
lebicolore.dk
Tel : 01 44 31 21 13

Text: (c) Heymann Associés
Foto: Hansina Iversen, Bicolore – Maison du Dannemark © Emmanuel Aguire

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